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Limaces : anticiper et évaluer le risque avant d’intervenir

Après une année 2024 record pour les limaces et les dégâts qu’elles provoquent, 2025 s’annonce sous des auspices similaires pour les colzas.

2024 a été une année record pour les limaces et les dégâts qu’elles provoquent. 2025 s’annonce sous des auspices similaires pour les colzas. Anticiper leurs attaques est une priorité.

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Cachée sous les pierres ou les mottes de terre, la limace attend la nuit pour se nourrir dans les parcelles, avec une préférence pour les colzas à l’automne et les tournesols au printemps. Elle apprécie aussi légumes, maïs, blé et céréales en général, mais déteste le lin, trop fibreux. Elle est si vorace qu’elle peut à elle seule dévorer cinq à six pieds de colza en une nuit et, selon sa densité, détruire une parcelle entière cette même nuit.

Une présence record du ravageur en 2024

C’est ce qui s’est passé en 2024, avec une présence record du ravageur, favorisée par des conditions météo optimales pour son développement. Les destructions des cultures ont été à l’avenant. Les traitements des colzas ont progressé de 62 % par rapport à 2023, ceux de céréales de 189 %. Au total, 1,3 million d’hectares ont été traités, contre 500 000 hectares habituellement. Du jamais vu. Les piégeages d’août et septembre cette année semblent indiquer une pression similaire.

Il existe deux espèces principales de limaces : la grise, qui reste en surface et dévore graines et feuilles, et la noire, plus petite, qui mange uniquement les graines. Elles apprécient l’humidité et sont actives dès 2°C. « Avec un colza semé à 30 graines par mètre carré, il suffit de cinq limaces au mètre carré pour détruire un semis en une nuit », souligne Christophe Launey, responsable de développement pour les grandes cultures chez De Sangosse.

Seules deux substances sont autorisées pour les éliminer : le métaldéhyde et le phosphate de fer. Le premier, classé comme cancérigène et mutagène, est à éviter dans les zones de captage.

Bien positionner le traitement

Si la prolifération des gastéropodes est favorisée par la pluviométrie, d’autres facteurs entrent aussi en jeu. Les intercultures notamment, qui leur offrent couvert et humidité, ou encore la mauvaise application des traitements. D’après l’observatoire De Sangosse, 63 % des agriculteurs traitent aux premiers dégâts, donc souvent trop tard, et 30 % le font par précaution, donc sans cibler.

Pour Christophe Launey, « le produit seul ne suffit pas. Il y a plusieurs règles à respecter. » Cela commence par la pose de pièges trois semaines avant le semis pour évaluer la présence des ravageurs. Il s’agit de quatre bâches carrées de 50 cm de côté, qui conservent humidité et obscurité. En les soulevant tôt le matin, l’agriculteur peut compter le nombre de limaces qui s’y sont réfugiées et obtenir ainsi leur densité au mètre carré.

L'installation de pièges à limaces avant semis permet d'évaluer leur densité au mètre carré, et d'adapter les traitements. (©  Arvalis-Institut du végétal)

L’agriculteur peut aussi utiliser le Limacapt, un outil mis au point par De Sangosse et qui, à l’aide d’un capteur et d’algorithmes, effectue un comptage précis. Posé dans une parcelle, celui-ci ne nécessite pas d’intervention humaine, ses données sont envoyées sur le smartphone de l’agriculteur.

À partir de cinq ravageurs par mètre carré pour le colza et de cinq à dix pour le blé, il faut traiter, éventuellement au moment du semis si les limaces sont déjà présentes. Les doses doivent être adaptées à la pression des gastéropodes : 3 kg de phosphate de fer pour cinq limaces par mètre carré, 4 kg pour cinq à dix, et davantage si nécessaire. « La population dégringole en deux jours, assure Christophe Launey. Mais il faut continuer de suivre les pièges. » Et traiter à nouveau si les ravageurs reprennent le dessus.

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